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Feuille de laurier

Aujourd’hui logo du Musée de Préhistoire de Saulges, cette pointe foliacée appelée « feuille de laurier » témoigne de la complexité des techniques de taille du Paléolithique supérieur. Elle atteste de la présence de la culture solutréenne  à Saulges, complètement absente ailleurs dans le Grand Ouest, ce qui contribue à en faire un site d’exception.

Une qualité de taille exceptionnelle

Les pointes foliacées appelées « feuilles de laurier » ou « feuilles de saule » sont caractéristiques de la culture solutréenne. Il s’agit d'outils taillés et façonnés très finement dont la fabrication  nécessite la mise en œuvre de techniques complexes. On peut observer la finition de leur façonnage avec un presseur en os ou  en bois de cervidé sur une vidéo présentée dans le musée. Les habitants de la vallée de l’Erve qui les ont réalisées ont souvent dû s’approvisionner en matières premières à plus de 30 kilomètres du site. Cet outil est réalisé en grès lustré, matière la plus utilisée à Saulges. La meulière, le silex, l’opalite ainsi que le cristal de roche ont été aussi employés.

 

La grotte Rochefort et le porche de la Dérouine

De nombreuses "feuilles de lauriers" et fragments ont été retrouvés dans la grotte Rochefort. Ils se caractérisent par :

  • Leur petite taille (la plus grande mesure 8 centimètres)
  • L’utilisation majoritaire du grès lustré
  • La forme sub-losangique

Leur petite dimension pose question. Est-elle liée à une pénurie de matières premières ou à leur utilisation comme armature[1] de projectile ? Constatant l’absence de pointes de sagaies en matières animales, les archéologues optent plutôt pour la deuxième solution[2].

Les déchets  retrouvés lors des fouilles montrent que la finition de ces objets se faisait dans la grotte.

A 300 mètres de là, les "feuilles de laurier" fabriquées sous le porche de la Dérouine diffèrent par leurs matières premières. Le silex et la meulière sont préférés au grès lustré qui ne représente plus que 10 % des feuilles mises au jour. Elles diffèrent également par leur taille, autour de 10 centimètres en moyenne (une vingtaine pour la plus grande). Cela laisse à penser qu’elles étaient peut-être utilisées comme couteaux. Elles se rapprochent des feuilles de Rochefort uniquement par leur forme sub-losangique.

 

Autres aspects de la culture solutréenne

Les hommes de culture solutréenne ont vécu à l’époque du Dernier Maximum Glaciaire, il y a environ 20 000 ans. Ces chasseurs furent les inventeurs du propulseur, un accessoire utilisé comme bras de levier afin de décupler la force et la portée du tir au javelot. Cependant, aucun propulseur n’a été mis au jour sur le site de Saulges. On en connaît  aujourd’hui environ 120 exemplaires provenant tous du sud-ouest de la France[3].

Les Solutréens sont également à l’origine des aiguilles à chas. Ces dernières, réalisées le plus souvent à partir d’os, de bois de cervidés ou d’ivoire constituaient d’utiles passe-fils[4] pour assembler les peaux d’animaux en ces périodes au climat des plus rudes.

Bibliographie

La Préhistoire. Histoire et dictionnaire, dir. Denis VIALOU, Paris, Robert Laffont, 2004 (« Bouquins »)

HINGUANT Stéphan, BIARD Miguel, « Regard typo-technologique sur les productions lithiques foliacées du Solutréen de la vallée de l’Erve (Mayenne, France) », Bulletin de la Société préhistorique française, t.112, n°2, avril-juin 2015, p.213-234.

HINGUANT Stéphan, BIARD Miguel, TSOBGOU Rodrigue, « Les matières lithiques du Solutréen de la Vallée de l’Erve ». Consultable en ligne : https://www.researchgate.net/publication/275956258_Les_matieres_premieres_lithiques_du_Solutreen_de_la_vallee_de_l%27Erve_Mayenne

PIEL-DESRUISSEAUX Jean-Luc, Encyclopédie pratique des outils préhistoriques. 150 outils et gestes, Paris, Dunod, 2011