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Plaquette au bouquetin

Une magnifique plaquette gravée solutréenne a été découverte en 2007 dans la grotte Rochefort : un bouquetin des Alpes à la crinière hirsute y est représenté. Un animal dont la présence surprend en Mayenne.

Le bouquetin

L’animal gravé sur cette plaquette peut être identifié comme un individu mâle de l’espèce du bouquetin des Alpes (Capra ibex) grâce à la forme et à la taille de ses cornes, la présence de crinière et la dimension de l’encolure. Le bouquetin est un capriné, sous-famille des bovidés comprenant la chèvre, le mouton et le chamois. Il s’agit de la représentation la plus septentrionale connue de cet animal en France.

Présents en Europe depuis environ 200 000 ans, ces animaux ont quitté les montagnes pour gagner les plaines lors de la dernière glaciation (entre – 70 000 et – 10 000 ans). Durant le Paléolithique supérieur, l’homme qui les chasse pour la viande, les peaux et les tendons est leur principal prédateur.

En 2006 une mandibule droite de bouquetin mise au jour dans la grotte Rochefort témoignait déjà de la présence étonnante de cet animal dans notre région durant le Paléolithique supérieur.

La plaquette

Elle est en calcaire gréseux naturellement recouvert d’une couche d’oxyde de fer elle-même couverte d’une pellicule de manganèse noirâtre. En gravant l’artiste a donc fait apparaître le tracé rouge de l’oxyde de fer sous le manganèse. De nombreuses plaquettes gravées ont été découvertes dans la grotte Rochefort. Différents autres roches ont été employées comme le schiste, le grès, le calcaire et des galets de rivières. Une plaquette en schiste  sur laquelle est gravée une tête de cheval est également exposée dans le musée.

Comparaison avec les gravures de la grotte Margot

Du point de vue stylistique, le bouquetin présente des caractéristiques comparables à d’autres gravures connues sur le site de Saulges. Il peut être aussi rapproché d’un autre objet d’art mobilier, un glouton gravé sur galet aujourd’hui exposé au Carré Plantagenêt du Mans. Comme lui, il a le pelage hérissé. Contrairement à ce dernier, le bouquetin a été trouvé lors de fouilles archéologiques récentes, ce qui permet de lui donner un âge d’environ 21 000 ans et de savoir que son auteur était de culture solutréenne. Dès lors, cette gravure datée peut, par comparaison stylistique, être riche d’enseignements concernant celles de la grotte Margot. Ainsi, entre les peintures du Gravettien (-25000) et les gravures du Magdalénien final, certaines représentations de la grotte pourraient être associées à la culture solutréenne, principalement des chevaux stylisés à la crinière hérissée, détail qui pourrait apparaître comme la signature stylistique des artistes de Saulges de culture solutréenne.

Bibliographie

Carte présentant la répartition du bouquetin des Alpes en France de la Préhistoire aux temps modernes. Consultable en ligne sur ce lien

Le Solutréen de la grotte de Rochefort (Saint Pierre-sur-Erve). Rapport de fin d’opération triennale (2008-2010), dir. Stéphan HINGUANT et Rozenn COLLETER, Rennes, 2010.

Rapport intermédiaire de fouilles dans la grotte Rochefort (Saint-Pierre-sur-Erve, Mayenne), dir. Stéphan HINGUANT et Rozenn COLLETER, Rennes, 2006.

AZEMA Marc, L’art des cavernes en action, T. 1 : les animaux modèles. Aspect, locomotion, comportement, Paris, Errance, 2009.

NAVEAU Jacques, Saulges et la Préhistoire en Mayenne, Laval – Evron, Conseil départemental – Communauté de communes des Coëvrons, 2017.

PIGEAUD Romain, « L’art des grottes de Saulges », Haute-Normandie Archéologie, T. 13, fascicule 1, 2008 consultable en ligne sur ce lien.

PIGEAUD Romain, « Le « galet au glouton » de la collection Chaplain-Duparc (Musée de Tessé, Le Mans, Sarthe) : nouvelle étude », Paléo, n°15 (2003). Consultable en ligne : http://paleo.revues.org/1327

PIGEAUD Romain et PAITIER Hervé, « La grotte Margot, chambre obscure, boîte à images », Dossiers de l’archéologie, n°358, juillet / août 2013, p. 16-21.